Autun Les haies disparaissent du paysage alerte Autun Morvan Écologie
Autun Morvan Écologie lance un cri d’alarme : les haies sont en voie spectaculaire de diminution depuis plusieurs décennies. L’association pointe aussi l’entretien erratique des haies conservées.
Par Gabriel PERFILOW (CLP)
Des haies généreusement fournies constituent des îlots précieux de biodiversité. Photo JSL /Gabriel PERFILOW
La nature est fréquemment malmenée, c’est peu dire que de l’affirmer. Dans la majorité des cas, l’intervention de l’homme n’est pas étrangère hélas aux blessures qu’elle subit. Il est un domaine, celui des haies, qui n’échappe pas à ce constat. En effet, elles sont en voie spectaculaire de diminution depuis plusieurs décennies. Ainsi, l’association Autun Morvan Écologie lance un cri d’alarme. Elle pointe aussi l’entretien erratique des haies conservées.
Elles protègent du vent, du ruissellement des eaux…
Constitutives du bocage, les haies structurent le paysage. Outre la dimension esthétique qu’elles lui confèrent, elles protègent du vent autant que du ruissellement des eaux, piègent l’humidité de l’air, et jouent le rôle précieux de puits à carbone. Elles accueillent en outre des variétés nombreuses de mammifères, d’oiseaux et d’insectes et constituent aussi d’indispensables corridors permettant le déplacement des espèces.
70 % des haies vives ont disparu en 7 décennies
Or, les sept décennies écoulées ont eu raison de 70 % des haies vives du bocage français. L’effet combiné du remembrement agricole et du déclin de l’élevage au profit de l’activité céréalière intensive, a rendu superflues nombre de ces délimitations naturelles. Leur conservation est ainsi passée à la trappe. Bien que soumis aujourd’hui à autorisation, l’arrachage de haies souffre cependant de dérogations. Ces dernières laissent craindre encore dans certains cas de voir substituer à des haies végétales, des clôtures barbelées.
Non moins préoccupant est l’entretien réalisé de nos jours sur les haies conservées. Qu’il soit effectué par le monde agricole ou par les services publics d’État, la prise en compte de préoccupations écologique et, subsidiairement esthétique, est presque toujours absente. En cause, le recours à la mécanisation des procédés de taille conduisant à des visuels de haies déchiquetées par ailleurs très sévèrement amputées.
Planter 400 km de haies
En outre, en raison de leur diversité, leur densité ou encore leur localisation, l’entretien des haies mériterait d’être différencié ce qu’il n’est pas pour de prégnants impératifs économiques. Dans ces conditions, nul doute que nombre de kilomètres de haies ainsi entretenus ne remplissent pas la mission écologique qui leur est dévolue. Dans le cadre du plan de relance, un dispositif baptisé “Plantons des haies” doté pour la région Bourgogne Franche-Comté de 3,1 millions d’euros prévoit, sur deux ans, la plantation de 400 km de haies. Pour Autun Morvan Écologie, cette initiative certes intéressante n’a de sens que si, en parallèle, le patrimoine de haies existant est traité respectueusement.
Autun - Un paradoxe de sécurité routière
Contraindre les automobilistes à ralentir passe parfois par l’édification, sur la chaussée d’ouvrages, de ralentissement de type “gendarme couché” ou chicane. Renforcer ainsi la sécurité routière dans certaines zones accidentogènes, on ne peut que s’en féliciter. En revanche, selon Jean-Claude Lacroix, en responsabilité à Autun Morvan Écologie, une démarche de nature diamétralement opposée suscite l’interrogation, et elle est poursuivie par la Délégation à la sécurité et à la circulation routière (DSCR). « Au motif d’accroître la sécurité des usagers de la route en rase campagne et singulièrement en ligne droite, la végétation des bords de route est volontiers sacrifiée. Des haies sont déchiquetées de façon récurrente, des arbres qui les composent abattus, alors même qu’ils n’altèrent en rien la visibilité de qui circule dans le respect du Code de la route. Ce qui semble plutôt prévaloir, c’est atténuer les éventuelles conséquences dramatiques des excès de vitesse et donc, implicitement, de les accepter. »
Autun - Le résultat souvent scabreux d’une taille mécanisée
En raison de l’usage d’une mécanisation peu appropriée, l’entretien de fin d’hiver des haies conduit à des résultats souvent scabreux. Petits arbustes hachés, branches déchiquetées ou encore troncs cisaillés à faible hauteur, sont autant de blessures fragilisant les haies dans leur vocation écologique. Adieu coupe-vent, réserve humide ou foyer ombrageux.
En outre, pour cause de nidification, une réglementation européenne interdit aux agriculteurs la taille de haies du 1er avril au 31 juillet. Pour la même raison, une recommandation de l’Office français de la biodiversité (OFB) suggère à tous de s’abstenir de tailler des haies entre le 15 mars et le 31 juillet. Considérablement privée de substance toutefois, une haie n’accueillera que difficilement l’habitat des oiseaux.