Rappel du classement du Mont Preneley et des sources de l'Yonne : En 1998 les associations commencent le combat pour le classement qui n'a pas été un long fleuve tranquille mais un long parcours semé d'embûches. Les écologistes étaient indésirables lors de tenues de stands et réunions publiques, car les forestiers opposés au classement déclaraient à loisir aux habitants de Villapourçon , Glux en Glenne et Saint Prix et aux propriétaires qu'ils ne pourraient plus couper un arbre dans leur forêt. Le Mont Preneley, par sa situation géographique, recouvre deux sites majeurs du Morvan, parties intégrantes du pays du Mont Beuvray : Le mont Preneley et les sources de l'Yonne. Ce magnifique ensemble forestier abrite des espèces rares et protégées en Bourgogne dont la rare Hêtraie montagnarde à Luzule blanchâtre, rencontrée en Bourgogne seulement dans le Haut Morvan, la dernière de ce type - En septembre 1998, l'association Autun Morvan Ecologie apprend que 500 hectares de forêts du Mont Preneley ont été vendus à un exploitant forestier. Le Morvan déjà mis à mal par les promoteurs du tout résineux, les associations Autun Morvan Ecologie, Le Samu d'Uchon, la Bresseille se mobilisent et demandent aux pouvoirs publics de prendre sans attendre des mesures conservatoire . Une procédure de classement du site pour 950 hectares est déposée au ministère de l'environnement par la DIREN Bourgogne pour un classement au titre de la Loi du 2 mai 1930 destiné à protéger et à conserver les sites les plus prestigieux. En 2002 Dominique Voynet alors Ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement concrétise le classement. L'objectif de ce classement est d'orienter la restauration et la valorisation paysagère des sites emblématiques du Mont Preneley, de la Vallée de l'Yonne, des sources de l'Yonne. Les aménagements ne peuvent être acceptés sous condition d'autorisation s'ils portent atteinte aux qualités essentielles du site qui ont motivé la protection. Forts de ce classement et des études de terrain qui montrent la richesse du site avec des espèces floristiques rares, le Conseil Général de la Nièvre rachète 120 hectares du Sommet du Mont Preneley , site répertorié Natura 2000. Le site du Mont Preneley fait partie des dix sites animés par l'équipe du Parc qui fait un travail d'inventaire remarquable, et l'on peut citer quelques noms très poétiques d'espèces protégées comme le « Lycopode à feuilles de genévrier, la bruyère à quatre angles, le fadet des tourbières ». En ce qui concerne les milieux forestiers outre la rare hêtraie montagnarde, des enclaves linéaires de Boulaie à Sphaines et à lycopodes, d'Aulnaies tourbeuse à Fougère des marais ou d'Alnaie-frênaie sont présentes dans les peuplements résineux. Les prairies humides qui bordent les tourbières ont une flore et une faune très variées comme la Becassine des marais. Il y a quelques années des coupes ont été faites sans autorisation sur le site, avec des travaux destructeurs par le débardage, les contrevenants ayant comme argument qu'ils ne connaissaient pas l'obligation d'autorisation. C'est la chanson que nous entendons à chaque incident . Pour pallier au problème, Madame la Sous Préfète de Chateau Chinon et la représentante de la Dreal ont organisé une réunion avec tous les acteurs, ONF, CRPF, Conseil Départemental, de la Nièvre et de Saône et Loire, les Maires , les représentant de la chasse, les présidents des syndicats des propriétaires privés et Autun Morvan Ecologie. Il a été décidé d'écrire à tous les propriétaires de forêt sur le site pour leur rappeler leurs droits et leurs devoir, selon la loi Paysages ( plaquette sur le site ). Récemment une coupe a été faite à nouveau d'une parcelle d'épicéas scolytés, certainement sans demande d'autorisation, nous n'avons pas de réponse de la Dreal à notre demande sur le sujet. L' autorisation de coupe aurait été donnée mais cela n'exonère pas de faire une demande .
Projet de classement de la Ravière : Un dossier est en cours pour le classement de la Ravière, forêt sur la commune d'Uchon. L'association pour la Sauvegarde du Massif d'Uchon suit ce dossier et nous nous en préoccupons car la pression est forte pour que le classement ne se fasse pas. Une pétition lancée par le SAMU a réuni des milliers de signatures. La procédure se résume ainsi Après inspection de l'inspecteur des sites — la visite est effectuée - , le dossier est débattu à la commission des sites et paysages en appui d'un avis au plan simple de gestion, document qui décrit l'exploitation prévue sur 15 ans et doit être agréé par la CRPF. Françoise qui représente AME à cette commission a voté contre car la demande de se prononcer sur le plan simple de gestion est prématurée, les prescriptions pour un site classé vont bien au-delà du programme d'exploitation . Une enquête publique aura lieu après délibération des communes concernées Il y a quelques années après un gros travail pour le classement d' Uchon en ZPPAUP, le projet a été abandonné suite à la pression des forestiers, et la crainte des habitants d'avoir des contraintes pour leur propriété bâtie et non bâtie.
Rappel de la loi : Les sites classés au titre de la loi du 2 mai 1930 (art. L.341-1 à 22 du code de l’environnement) sont des espaces ou des formations naturelles dont la qualité appelle, au nom de l’intérêt général, la conservation en l’état (entretien, restauration, mise en valeur... ) et la préservation de toutes atteintes graves (destruction, altération, banalisation...). Aucune modification ne peut être donc apportée à l’état des lieux ou à leur aspect, sauf autorisation spéciale.
Le projet de la Ravière suscite des commentaires du syndicat des propriétaires privés dans Forêts Privées de Bourgogne Franche Compté qui titre dans un article — Classement du Massif d'Uchon 71 : « un projet infondé et inutile— une vague de protestations et revendications de la part d'associations autoproclamées écologistes pour qui il fallait « Sauver la forêt de la Rivière » ». Cet article déclare « la mise en place d'un PSG qui ne pourra qu'intégrer les enjeux paysagers, sociaux et environnementaux conformément au Code Forestier ». Or le code forestier ne stipule aucune mesure environnementale, ni sociale, élément soutenu par le représentant du Préfet de Région lors d'une réunion sur le thème des coupes rases. Egalement l'auteur de l'article déclare «la forêt privée représente 75 % de la forêt française et si l'on faisait n'importe quoi ça se saurait ». Faut-il en déduire que les coupes rases et monocultures de douglas sont issues d'une sylviculture qui respecte la biodiversité, la qualité des sols des eaux de surface et souterraines et les paysages ? Difficile d'admettre par les acteurs de la forêt que l'on va la tête dans le mur si une exploitation intensive continue à se développer, et que pour avoir du bois il faudra importer alors que l'on exporte nos beaux feuillus en Chine ou autre pays .
Nous croisons les doigts pour que le classement aboutisse, ce qui ne serait pas une mise sous cloche de la forêt, mais une gestion proche de la nature sans coupes à blanc avec le maintien d'un couvert forestier et du mélange d'essences que nous prônons et démontrons performante économiquement et écologiquement avec le groupement forestier pour la Sauvegarde des Feuillus du Morvan
Pour en savoir plus
www.sauvegarde-feuillus-morvan.org
* plaquette sur les droits et devoirs des propriétaires de forêts sur le Mont Preneley
Le_site_classe_du_Preneley.pdf
* article dans la revue Forêts Privées de BFC sur le projet de classement